22.03.22

Sans vs. Avec filtres, que choisissez-vous ?

par Marion Desrousseaux

« Je ne peux pas dire si vous avez une meilleure vie que moi, ou de meilleurs filtres » – Inconnu

Non filtré signifie ne pas avoir été atténué, censuré ou édité. C’est le contraire de ce que beaucoup utilisent de plus en plus chaque jour, notamment sur les réseaux sociaux : les filtres.

Au début, les gens commencent généralement à utiliser des filtres pour s’amuser ; c’est une blague, un jeu, un déguisement virtuel. Les filtres sont faciles à utiliser, amusants à partager avec les amis. Mais le revers de la médaille, c’est quand les gens se rendent compte qu’en les appliquant à eux-mêmes, ils se sentent mieux, ou plutôt ils ont l’air mieux. La vérité sur ce sujet semble être : le gens pensent avoir l’air mieux et cela les fait se sentir mieux.

« L’utilisation la plus répandue de la réalité augmentée n’est pas dans les jeux mais plutôt dans les filtres de beauté sur les médias sociaux. » Tate Ryan-Mosley, MIT Technology Review, 2021

 

Si vous vous demandez comment nous en sommes arrivés là, voici quelques indices :

La réalité augmentée est apparue largement à la fin des années 90 et les filtres étaient utilisés principalement comme un outil d’embellissement. Le premier téléphone mobile doté d’une caméra frontale a été créé en 1999, par un fabricant japonais d’électronique. En 2011, Snapchat est né, donnant la possibilité à ses membres d’utiliser des filtres, y compris celles destinées à l’embellissement. Dès lors, les selfies filtrés ont déferlé sur le grand public.

Pourtant, les filtres de beauté, qui sont disponibles et extrêmement populaires sur Tik Tok, Instagram, Snapchat, ne sont pas les seuls à être utilisés. Les filtres peuvent également s’appliquer au contenu et aux personnes, qui agissent tous de la même manière.

 

Nous avons tendance à penser que notre apparence est distincte de ce que nous sommes vraiment. Or, il s’avère que des caractéristiques physiques telles que la taille ou la séduction peuvent en fait façonner notre personnalité et nos comportements.

Cela se produit par exemple lorsque nous commençons à croire ce que nous voulons percevoir, et non ce que nous voyons, en choisissant ce qui nous convient le mieux. C’est alors que les filtres deviennent réalité. Comment ne pas penser que tout cela a un effet sur les messages que nous voyons dans les médias sociaux, et donc sur notre façon de penser et nos actions ?

Ces dernières années, un débat public sur l’impact négatif potentiel des filtres s’est répandu dans la société. Compte tenu du pouvoir des filtres aujourd’hui, nous devons mieux comprendre et estimer leur impact, et trouver des garde-fous autour de leur utilisation.

 

 Alors, que nous apprennent les filtres sur nous-mêmes ?

Peut-être devrions-nous nous pencher sur la manière dont la technologie modifie la formation de notre identité, notre représentation de nous-mêmes et nos relations avec les autres.

« Je ne pense pas qu’il s’agisse seulement de filtrer votre image actuelle, mais votre vie entière », déclare Claire Pescott, chercheuse à l’université de South Wales, qui étudie le comportement des préadolescents sur les réseaux sociaux. Nous pensons donc pouvoir nous réparer avec la technologie, devenir cette version embellie de nous-mêmes. Mais sommes-nous vraiment en sécurité ?

« Entre le moi authentique et le moi numérique, il y a beaucoup d’anxiété, car ce n’est pas ce que vous êtes vraiment. Vous ne ressemblez pas aux photos qui ont été filtrées ». Déclare Krista Crotty, spécialiste de l’éducation clinique au programme Emily, un centre de pointe sur les troubles alimentaires et la santé mentale basé à St. Paul, dans le Minnesota. En outre, le « moi » que nous projetons est immédiatement aimé ou détesté par la communauté, de sorte que nous devenons dépendants du jugement des autres et perdons le lien avec ce qui a du sens pour nous.

Nous avons besoin de revenir à nous-mêmes. De nous reconnecter à qui nous sommes vraiment et à ce qui compte vraiment.

 

Les institutions et les organisations peuvent offrir un environnement « non filtré », avec une véritable culture du retour d’information, sans jugement, où la sécurité psychologique et la santé mentale sont des priorités et où les gens peuvent se développer.

La clé ici pourrait être l’autoréflexion. Nous pourrions nous engager à cesser de « filtrer » nos vies…

 

Sources:
https://www.technologyreview.com/2021/04/02/1021635/beauty-filters-young-girls-augmented-reality-social-media/
https://www.bbc.com/future/article/20190619-how-your-looks-shape-your-personality
https://hbr.org/2021/12/research-how-ar-filters-impact-peoples-self-image

 

Marion Desrousseaux
Marion Desrousseaux
Manager Formation & Coaching / Online Community Manager
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